je vous aimevez le fait auparavant. 和Vous l'avez fait auparavant. 哪个对?为什么?

Oyez, Oyez mes fans !
Quelques petites photos, histoire de vous mettre l'eau à la bouche !
Bien sur, quand j'aurai moins la flemme, je vous ferai ma revue... Que dis je, mes revues ! :D
A bient?t.
Salut, foule en délire !
Comme le dit si bien le titre du billet, c'est un dimanche comme les autres. Enfin presque. Les beaux jours arrivent, les poils commencent à se montrer... Et tout ?a me distrait. Et oui. D'où le retard pris dans les billets (comment ?a pas crédible ?). J'avais promis la revue de ma Orient Star et j'espère pouvoir la faire bient?t.
Pour me faire pardonner, une petite mise en bouche rapido :
Souvenirs du Japon...
Un dicton martiniquais dit &y'a pal'feu au lac& (spéciale dédicace à mes b?nomes de l'IUT et de la Fac). Donc les revus/billets correspondant(e)s à mes dernières acquisitions mettront du temps à être poster...
A bient?t !
Salut mes fans !
Ce soir, c'est billet express. La revue sera prête pour dimanche (j'espère), là, je me prépare à mettre en ligne les photos de mon voyage au Japon... 6Go à trier, 5 personnes à shooter comme des tarés, on voit le résultat : beaucoup de doubles, de floues et de non cadrées !
Je posterai peut être quelques photos horlogères avant dimanche... O:)
edit : Bon juste pour donner une idée de ce qu'on peut trouver à Tokyo facilement...
Voila plus d'un mois que je n'ai rien posté. Ne croyez pas qu'il s'agit d'un oubli, j'avais tout simplement beaucoup de travail et un voyage à préparer.
Que s'est il passé donc, pendant ces 6 semaines ? Pas &rien&, je vous rassure, mes fans. Enfin, dans ma réalité horlogère. Le reste, on fera l'impasse, c'est assez démoralisant comme ?a.
Bon, je m'étais donc arrêté sur ma recherche du saint graal d'une manuelle, sur base unitas avec des fesses décorées. Ce n'est pas divulguer un secret de dire que j'ai trouvé montre à mon poignet (je sais, c'est nul :/). Tout viendra en temps utile car il y a eu autre chose avant. Pour le moment, je prépare la &revue& de mon 1er achat 2006, à savoir une Orient Star automatique, avec réserve de marche.
Un petit spoiler :
Photo from Japan
Je profite de ce billet pour remercier ROGER95 et Burnout974...
Quelle plaie ces vertèbres qui n'en font qu'à leur tête quand bon leur semble...J'ai souffert le martyre (*hum*) pour vous, mes fans, afin de pouvoir écrire ces quelques lignes ce soir.
Résumons : ma quête d'un mouvement Unitas pas trop cher et ne serait ce que chichement décoré continue. J'épluche hébé et je tombe sur une Hamilton assez sympa. Et j'ai rarement été dé?u avec mes Hamilton. Pensais je.
Bien qu'un brin moins classe que la précédente Revue Thommen, elle est néanmoins assez originale avec ses index ronds et sur-dimensionnés à 6h et 12h. Spécialité Hamilton, il y a 3 séries d'index (2 sur la khaki auto) : 24h, minutes et heures &normales&. La petite seconde à 9h n'est pas complètement uni, un brin de rouge vient égayer un fond anthracite. Et le prix est plus que correct pour de l'Unitas. Bref, toutes les recettes du succès à la Hamilton... Pensais je (bis).
Car, il y a un mais. Original ?a, tiens.Son cul, comparé à la Revue Thommen, est désespérément plat. Un peu &tue-l'amour& non ? Et cette ouverture dans le fond n'en montre que trop peu...
Je vous l'avais dit, tue-l'amour :/Dé?u.
Mais c'est ?a qui fait qu'on aime une montre : souvent dure à trouver et une fois qu'on l'a, rahhhh lovely !!!!On passe plus de temps à la regarder qu'à lire l'heure dessus... Comme le dirait très bien notre gourou
: &Les montres, ?a donnerait pas l'heure, je m'en serais même pas rendu compte.&
Bon, il est pas encore trop tard, je vais continuer à écumer l'internet à la recherche de mon Graal perso... (à suivre)
Bon.Je me décide enfin à reprendre la plume. Enfin, plume, clavier. Mouais, on se comprend.Le silence n'était pas voulu : la flemme, je ne connais pas ce mot. Enfin, si peu. Nous sommes juste cousins germains.Bref, j'en profite, avant que les cachets ne fassent effet...
On s'était quitté le 11 février. Oui, je sais, j'ai l'espoir d'être lu, suivi et presque imploré pour écrire la suite de mes CHIs. Donc, quitté il y a 8 jours, sur mon cadeau d'anniversaire.
Quelques jours avant mes 26ans donc, nous part?mes, ma soeur et moi, à l'aventure. Quand je dis aventure, en fait, il s'agissait de trouver un cadeau qui me plairait. Oui, je suis difficile, limite chieur (mais moins qu'une femme...).Après quelques tentatives infructueuses dans des magasins de vêtements, nous pass?mes devant un Europa Quartz. On pourrait même dire L'Europa Quartz. Je décide de m'arrêter. Histoire de. Juste comme ?a quoi.Je fais le tour et je m'arrête devant un présentoir qui regroupe quelques montres Hamilton. Du coin de l'oeil, je remarque ma soeur qui hoche la tête... J'en fais fi et me fais du bien aux yeux. D'habitude, le bien aux yeux, je le fais différemment. Mais là, 2 modèles retiennent mon attention. Les prix dépassent négligemment à c?té du support. Mouais, ?a rentre dans mon budget. Un Hamilton automatique khaki, et une Hamilton mécanique.Je demande à essayer. La vendeuse, qui s'y conna?t plus en chinoiseries vendues le prix de l'or en barre, me déballe son speech : &Oui alors ce modèle est équipé d'un valjoux 2824-2 et blah?&.Ok, j'ai saisi, elle vend plus de machins Diesel et autre Guess que de vraies montres. Passons, personne n'est parfait et s?rement pas une femme. A part peut être IZN2, mais elle a avoué ne pas savoir coder...Je suis Hors Sujet je crois.Donc j'essaie. La Hamilton auto a un bracelet marron clair, en cuir, avec un fond anthracite. Index blancs, date noir sur fond blanc, not Leg9 compliant. Le mouvement est joli, bien fini et légèrement décoré. La mécanique est noire, bracelet comme fond, index clairs.Je demande conseil à ma soeur : &Tu fais ce que tu veux, ?a fera juste la 4ème... Mais c'est vrai qu'elles sont pas mal.&Je vous l'avais dit, même dans ma famille, je suis considéré comme un fou. Pourtant, 4 montres, c'est pas énorme (n'est ce pas bestak ?).Bon, je me décide, ?a sera la khaki auto. Heureux, je rentre chez moi. Enfin, au bout du n-ième magasin, où j'aurais enfin trouvé chaussure à mon pied.
Une fois à la maison, je sors l'APN, pas encore tombé aux fêtes de Dax...
Pas terrible hein ? La photo et moi, par contre, c'est pas le grand amour.
Encore ratée ! GRRRRRRRRRRRRAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!
Ah ! Ahah ! Enfin ! Une qui est pas mal...
Comme je l'ai dit, *légèrement* décoré : Hamilton, gravé sur le rotor avec le nombre de rubis ainsi que la mention Swiss... Ainsi que des c?tes me souffle-t-on (merci -tac-) sur le . Ca c'est de l'ETA 2824-2 comme on l'aime. Simple. &Bon& marché. Fond saphir, comme le verre principal.
Et des pouals :
IZN2 special
Ah je l'aime cette montre. Sobre. Brille bien dans la nuit. Se remonte aux mouvements du poignet ou bien au remontoir (sens horaire). Le bracelet est assez rigide, de qualité assez moyenne. Vu le prix de la montre, j'ai décidé dans mon immense bonté, de pas en tenir pas rigueur. Le mouvement est &souple&, différent au toucher des japonais que j'avais jusqu'à présent. Le bruit qu'elle fait est aussi différent : 28800A/H au lieu de 21600A/H. Je dois avouer que je n'ai jamais testé les réserves de marche, quelque soit la montre.Mais... Elle n'a pas gardé cette pureté bien longtemps...Quelques jour seulement après l'avoir achetée, à l'anniversaire d'une amie copieusement arrosé (l'anniversaire, pas l'amie), le drame : par bravade, je décidai de pisser chez le voisin absent (quel courage). Un obstacle : une murette d'1m80 de haut. N'écoutant que mon courage et malgré mon équilibre précaire, hop !Me voila de l'autre c?té. Bon, je fais l'impasse sur la suite, vous aurez compris...Le lendemain, une fois douché (obligatoire pour regagner ses esprits), je passe la montre autour du poignet et là, horreur !
Vous ne voyez rien ?
ET LA ???????Je ne vous raconte pas l'état dans lequel j'étais !Et comment je me suis fait pourrir par mes amis...Je pense qu'après un passage chez un horloger et un léger &pon?age&, il n'y para?tra plus. Mouais. On se rassure comme on peut. Il faut que je le fasse. Depuis 1 an et demi...
Enfin, le verre saphir, c'est assez solide, la preuve :D
Dernière CHI de 2005... La suivante... Bien plus tard. Comme le prochain &article&.
Bon, après une journée passée à avoir la migraine tapie dans un recoin de ma bo?te crannienne, j'ai au moins la satisfaction d'avoir ma nouvelle montre...
Une petite photo introduira très bien ma prochaine revue, que je ferai ce soir si ce p****n de mal de tête me fout la paix :
Alors que ce matin la journée s'annon?ait plut?t mal : le réveil qui sonne 4 fois avant que je me lève, mon enchère ratée sur ebay... Avec, au bout du compte, près de 1H15 de bouchon pour arriver au taf avec 30min de retard sur l'horaire de bienséance. :/
En plus, je suis temporairement à un bureau sur la droite de D.ieu... Le cauchemard. :/
Histoire d'avoir encore plus de regrets, voila quelques photos de cet unitas 6497 (de mémoire) de Revue Thommen ma foi fort sympathique :
Je dois avouer que j'ai surtout craqué sur son joli ptit cul bien que les aiguilles ne m'ont pas laissé indifférent : ?a change de la fameuse Altanus.Ce n'est que partie remise mais j'ai ruminé ma déconvenue toute la matinée.Il faudrait que je prépare ma revue sur la Hamilton Khaki automatique que je me suis offert (quelle tristesse quand même *hum*) pour mes 26ans mais j'ai un peu la flemme... Si demain j'arrive à sortir du boulot assez t?t, j'essaierai de la poster...A demain (ou pas).
Bon, après une rude journée de travail (ben oui, faut les payer toutes ces CHIs) et une petite demie heure de dépannage à distance de lecteur MP3 (c'est beau MSN), j'écris ces quelques lignes pour annoncer que ce matin très t?t, j'ai réussi à gagner sur hébé une petite Hamilton chrono que voici :
En un mot : heureux ! (mais fatigué)Et peut être que demain je rajouterai un Unitas... Stay tunned !
L'euphorie des premiers posts passée, il faut maintenant que je vous parle de ma montre du week-end.Donc pour ceux qui ont la flemme de jouer de l'ascenseur, je replace le truc rapido : début 2005 commande de la seiko military puis 4 mois plus tard de la citizen military. Automatique bien s?r. J'oubliais : toujours chez
(j'essaie d'app?ter, de faire basculer le lecteur vers le c?té obscur...).
Petite description :Model : NH6054-01-NAType : MilitaryMetal : Stainless SteelMovement : Automatic
Citizen Promaster Military auto.Caliber: 8200
Matt black dial.Anodised steel case.Water resistant 100mMovement made in JapanAttached with aftermarket 20mm NATO black nylon strap.Fits up to wrist size of 22cm
Lugs width: 20mmCase width including crown: 42mmCase thickness: 12mm
La photo qui va bien :
Bref, après les péripéties de paiement habituelles (saleté de caisse d'épargne), je la re?ois enfin.1ère impression : elle est énorme... Vraiment. Enfin, c'est l'impression qu'elle donne.Et cette finition noire, comment dire... Une vraie military.
Quand je la compare à la seiko, on la sent plus massive : elle est nettement plus épaisse.
Et il n'y a pas de fond transparent sur celle ci et ce n'est pas un mal : Robuste, certes. Date + jour. Et petit détail que je découvrirai quelque temps plus tard, elle peut, outre le remontage& par les mouvements du poignet, se remonter avec la couronne en tournant dans le sens horaire.En gros, du ETA 2824-2 japonais, mais moins beau (chacun voit midi à sa porte). Autre petite différence : le toucher de la couronne est moins doux que sur la seiko military. Idem pour le rotor, on le sent plus rugueux quand il tourne. Un petit lien sympa sur le désossage d'un calibre miyota
Maintenant, passons au bracelet : comme le dit la description, un NATO aftermarket (ou bracelet type OTAN qui n'est pas d'origine). Il y a des gens qui aiment. Perso, vu la taille de mon poignet (entre 16 et 17cm), le bracelet est trop long et je ne trouve pas ?a génial à porter. Le nylon sous le bo?tier de la montre est en contact avec la zone de la peau qui transpire, j'adhère moyen (moins).
Notez le pull, vert et le bout de Nastase qui dépasse. La classe.
Bref, un détour par un horloger d'Angers (sympa petite ville du Maine et Loire) et me voila avec un bracelet un peu plus sport type gomme, très confortable.
On peut se dire en voyant cette photo que la montre est énorme pour la taille du poignet : il n'en est rien, c'est la macro de l'appareil photo (IXUS 50) qui déforme le tout. Ce n'est que mon avis. Disons qu'on atteint la taille critique : plus gros, ?a serait peut être ridicule. Autant carrément porter une pendule au poignet !
Une petite photo de famille :
On remarquera que cette photo illustre parfaitement ce que je disais hier à propos du changement de &date& : on ne saute pas à la &date& du lendemain à minuit pile. Le changement s'effectue lentement entre 23h et 2h du matin : d'abord la date (numérique) puis le jour. De plus, ces 2 montres automatiques ont 2 &langues& pour les jours comme on peut le lire dans la description fournie par monsieur Lee : la seiko, en anglais et roman (chiffre romain de 1 à 6 puis le dimanche avec le carré rouge) et la citizen en anglais et allemand.
La collection s'agrandira quelques mois plus tard, pour mon anniversaire... (2005 a vraiment été une année faste niveau CHI, cf. définition dans le )
Proverbe Cambodgien - Un blog sur les montres (entre autre) et sur les montres (et accessoirement des pouals)
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Texte intégral
2En juin 1972, Ménie Grégoire organisait sur les ondes de Radio-Télé-Luxembourg (RTL) une semaine sur le thème du coup de foudre.
3L'animatrice demandait aux auditeurs de lui faire parvenir leurs témoignages écrits sur le sujet. Elle précisait toutefois qu'elle souhaitait recueillir des récits aussi variés que possible : on pouvait bien s?r avoir le coup de foudre pour quelqu'un, mais tout autant pour une couleur, un pays, un livre, etc.
4Elle re?ut cent lettres, aujourd'hui classées dans le corpus général sous la rubrique <>. Une seule émanait d'un homme et, malgré le champ largement ouvert par l'animatrice, toutes ces missives, à une exception près, relataient un coup de foudre amoureux, et ce qu'il en était advenu.
5La majorité des lettres ont été rédigées bien après le coup de foudre qu'elles relatent, à la faveur d'un moment d'apaisement. En effet, le coup de foudre, au moment où il survient, suscite un tel trouble du corps et une telle confusion des sentiments qu'il est, pour la plupart de ses victimes, impossible d'écrire dans cet état. Autant demander à une personne foudroyée par un éclair de prendre des notes au coeur même de l'orage. Toutes les lettres sont donc des textes qui ont été travaillés pour pouvoir prendre une certaine distance avec l'événement. En adressant un tel courrier à un personnage public, on connaissait nécessairement le risque qu'il soit lu à l'antenne, et on le souhaitait même parfois afin de faire partager son histoire. Les rédactrices se sont appliquées à employer un langage choisi, à la mesure du caractère exceptionnel de l'événement, c'est-à-dire des mots et des tournures inusités dans la vie quotidienne, tels que : <>, <>, <>, <>, etc.
6Qu'il se soit passé récemment ou qu'il date déjà d'un certain temps, le coup de foudre est décrit comme une passion qu'un seul et premier regard (celui échangé avec le <>) suffit à déclencher (chez la <>). Il se traduit par une violente perturbation affective et intellectuelle, un état d'<> par rapport auquel les rédactrices amorcent un mouvement de compréhension et d'interprétation. L'événement laisse des traces, quelle que soit la nature que prit ensuite la relation amoureuse qu'il initia (nous y reviendrons) : tant?t une secrète obsession d'être aimée en retour par celui à qui on n'a pas pu avoue tant?t la tentative restée sans lendemain de le prolo dans de rares cas (trois lettres), une liaison qui aboutit à un mariage.
7Le coup de foudre n'est donc pas seulement une secousse physique et sentimentale, un moment passager d'effervescence. Parce qu'il met en scène un contexte et des acteurs, il a une dimension dramatique : il noue instantanément une intrigue qui implique soi-même et les autres. En ce sens, il est une manifestation de la vie collective. Les rédactrices racontent comment elles ont été brutalement sommées de redéfinir leur identité et leur statut : voici qu'elles étaient soudain devenues <>, un être dont l'existence n'était plus attestée que par un seul regard, celui du foudroyeur. Dès lors, il leur fallait engager tout un travail pour faire face à la complexité de cette nouvelle situation, c'est-à-dire pour passer de cet état de passion inexprimée et unilatérale à une relation apaisée et réciproque, de celles qui lient, pour un temps ou pour toujours, les amoureux. Si le coup de foudre plonge au départ la foudroyée dans un état de <> tel qu'elle ne peut que <> aux sensations qui assaillent son corps, il suscite, dans un deuxième temps, une activité nouvelle qui, si elle est toujours inspirée par l'émotion, peut aussi être organisée de fa?on réfléchie. Le corpus de récits recueillis par Ménie Grégoire sur le coup de foudre atteste que la passion non seulement agite intérieurement les êtres, mais aussi qu'elle les fait agir sur le monde extérieur, les pousse à constituer des relations, à se poser des questions, à produire des critiques et des interprétations. Le langage passionnel n'est nullement, comme le remarque très justement Denis de Rougemont (1972 : 186-187), une domination sans partage de la nature sur l'esprit mais un <>, une volonté d'introspection et une exposition de ses sentiments comme <>. Le courrier des foudroyées montre bien leur désir d'intensifier toujours plus la douleur du sentiment amoureux. Mais ce trop-plein d'amour est travaillé par un mouvement fondamental : l'impossibilité de convertir la passion (malheureuse de n'être pas partagée) en paisible communion amoureuse tient au fait que le coup de foudre se vit avant tout comme une transgression. On cherche à le vivre idéalement, sans contraintes, hors du monde. Il est comme un déni de la réalité. Aussi faut-il l'envisager comme un processus spécifique d'attachement dont les conditions d'avènement, les formes d'expression et les modes de dénouement ne deviennent intelligibles qu'à condition de les rapporter aux contraintes morales, sociales ou religieuses des circonstances de son avènement.
8On tentera également, à partir de ces cent lettres, d'approcher la fa?on dont les rédactrices s'efforcent de rendre compréhensible une expérience que, paradoxalement, elles caractérisent par le fait qu'elle court-circuite au départ toute faculté de jugement. C'est qu'entre le premier regard fatidique et la lettre envoyée à Ménie Grégoire le coup de foudre a eu le temps de se doter d'un destin. C'est le récit de l'avènement et du devenir du coup de foudre qui organise la très grande majorité des récits. Cet événement, tenu pour imprévisible et arbitraire, n'est-il vraiment que le fruit du hasard ? A l'inverse, l'objet de la passionnée ne vient-il pas <> investir la place qui lui était de longue date réservée ?
9On a vu que le courrier envoyé à l'animatrice est, à une exception près, féminin. Dans 40 % des cas, on a pu repérer l'?ge des rédactrices : il se situait entre 18 et 55 ans, et 70 % d'entre elles étaient mariées.
10Contrairement au courrier de l'émission concernant les ruptures conjugales et familiales, et qui abonde en détails autobiographiques, les lettres sur le coup de foudre se gardent de décrire les acteurs en question, qu'il s'agisse de soi-même ou de l'objet de sa passion. Autant, dans le courrier portant sur les injustices domestiques, on n'hésite pas à revenir sur son passé, à exposer le moindre des éléments de parcours ou de contexte propre à justifier son histoire et à la rendre intelligible à l'animatrice comme aux auditeurs, autant les récits de coups de foudre dressent des portraits quasi désocialisés de soi et des autres. C'est que l'amour au premier regard annule tout le passé. Le coup de foudre inaugure un autre temps. Tout commence avec ce séisme et se poursuit par ses effets. Le monde qui le précède s'est éclipsé.
11Ces récits ne livrent donc pratiquement pas d'informations sur les rédactrices. Deux personnes seulement ont précisé leur niveau d'études (l'une un baccalauréat, l'autre une licence). Quant à la profession, seules cinq personnes la mentionnent (chauffeur de taxi, ingénieur, représentant, psychologue, ouvrier). En revanche, nous connaissons très précisément le temps qui s'est écoulé entre le premier (et unique, pour 95 % des rédactrices) coup de foudre et le moment de la rédaction de la lettre. Moins d'un an dans 30 % entre un an et trois ans dans 50 % entre cinq et dix ans dans 10 % plus de dix ans dans 5 % des cas. La majorité des rédactrices relatent donc des expériences relativement récentes.
12Il n'y a que 10 % de récits qui sollicitent explicitement l'intervention de l'animatrice. Pour celles qui viennent juste de subir leur coup de foudre, cette opportunité radiophonique joue un r?le particulier. L'amoureuse, plongée dans un profond désarroi, incapable de juger et de décider, demande de l'aide à l'animatrice : <>
13On craint que l'être aimé ne se soustraie à l'espace d'interconnaissance (en déménageant par exemple), ou qu'il se soumette à ses devoirs familiaux, ce qui couperait court à tout projet de vie commune. Que faire avant qu'il ne soit trop tard ? Autrement dit, comment agir pour qu'il ne disparaisse pas d'une histoire en train de na?tre ? Il s'agit là de foudroyées qui sont célibataires et qui aspirent à ce que cette relation naissante devienne un jour légitime et puisse s'épanouir publiquement.
14D'autres rédactrices, qui vivent déjà leur passion de fa?on clandestine (à l'écart de l'espace public, à l'insu des conjoints), parfois depuis plusieurs années, sollicitent les conseils de l'animatrice. <> Cette double vie leur impose d'être prudentes, de garder le silence, d'anticiper les situations, d'assumer leur culpabilité, mais cette pression psychologique n'entame en rien la passion partagée.
15Quoi qu'il en soit, que leur passion soit naissante et unilatérale, ou durable et partagée, aucune de celles qui demandent aide ou conseils n'envisage vraiment de relations sexuelles. Pour des raisons autant sociales que sentimentales, elles considèrent que l'amour doit rester platonique, qu'il doit conserver sa <> pour pouvoir durer. <>
16La grande majorité (90 %) des récits qui ne demandent ni aide ni conseils relèvent du témoignage ou de la confession. On décrit, souvent avec force détails, cette forme d'amour qui se <>, selon la formule de Paul-Laurent Assoun (1994 : 37-59) et qui pose toujours problème. Cette majeure partie du corpus se scinde en deux types de récits, en fonction des enjeux qui portent invariablement sur le contexte, les conséquences du coup de foudre et ses dénouements possibles. D'une part, on trouve des récits décrivant un coup de foudre qui est resté anonyme (20 %), de l'autre, des récits décrivant les efforts pour instaurer une relation enfin avouable (70 %). Dans trois cas seulement, ces efforts ont abouti : les foudroyées qui ont finalement épousé leur foudroyeur témoignent d'une union durable (leurs couples durent respectivement depuis douze, quarante-quatre et quarante-huit ans).
18L'amour qui frappe brutalement se différencie d'autres formes d'amour qui s'élaborent dans la durée et sont jalonnées de moments de délibération. Dans les récits où l'amour est sans réciprocité, le coup de foudre est exclusivement lié au regard. C'est fondamentalement une expérience perceptive, dont on n'envisage jamais le possible prolongement par une liaison. Tout à coup, on voit simplement le monde d'un autre oeil, celui qui a croisé le regard du foudroyeur. Le coup de foudre réside tout entier dans ce croisement de regards dont le premier effet est de défaire immédiatement le monde de la foudroyée. Le corps tout entier se trouve soumis aux affres de la passion. La brutalité du coup de foudre tient non seulement à cet impact physique et émotionnel, mais aussi au fait qu'il crée, sans médiation aucune, une discontinuité temporelle : il arrache littéralement sa victime à son existence routinière et la somme de redéfinir d'urgence ses cadres spatio-temporels : <> ; <> ; <>, etc.
19Dans ce cas du coup de foudre resté secret, un monologue intérieur s'engage jusqu'à conclure que cette expérience singulière ne sera pas partagée, qu'elle n'aboutira pas à une relation reconnue par la société et ne pourra donc jamais prendre une signification collective. Pourquoi ? Toutes les lettres de cette partie du corpus avancent une raison simple : celui sous l'emprise duquel on se retrouve est un inconnu, un inconnaissable. Le foudroyeur n'a ni nom ni identité, c'est un anonyme qui se situe hors du monde, <>, selon l'expression d'Emmanuel Lévinas (1979). On l'a bien vu, on a bien été vue par lui, on s'est même parfois revus, sans forcément se parler, puis chacun a disparu du regard de l'autre. Il n'y a eu ni témoignage de sympathie, ni évidence d'une communion, pas plus que l'amorce d'une relation prometteuse. Il n'en demeure pas moins que s'est originée là l'entrée catastrophique de la foudroyée dans une autre réalité. De cet état, la psychologie a déjà fait une description clinique. Le coup de foudre serait selon Freud (1991) une <>. Finalement, les rédactrices ne disent pas autre chose quand elles parlent d'<>, de <>. La relation à leur foudroyeur est une relation avec quelqu'un qui reste définitivement autre : comme l'écrit Lévinas (op. cit.), <>.
21Les récits de ce type mentionnent, sans équivoque, l'impossibilité d'entra?ner l'autre dans sa <>, de lui faire partager sa condition d'être aimant. Les rédactrices expriment clairement qu'elles ne comptent pas sur la réciprocité. Les qualités de l'être aimé n'entrent donc pas en ligne de compte. Aucune caractéristique n'est mentionnée – physique, sociale ou autre –, qui puisse justifier le coup de foudre, ou, à l'inverse, amener à s'étonner qu'il ait eu lieu. L'autre est un être désocialisé et désymbolisé en dehors de toute contingence sociale, religieuse ou familiale. La majorité des récits insistent plut?t sur la nature de la situation et de l'espace, le plus souvent public, où les regards se croisèrent silencieusement, et sur les effets ineffables qui s'ensuivirent, physiquement et émotionnellement. Cet instant d'élection ne provoque pas de métamorphose commune, mais uniquement une métamorphose du sujet aimant, envahi par l'<> aimé.
22Dans cette perspective, la foudroyée qui tait son amour s'empare mentalement de l'absent et le transforme en sujet d'un interminable ressassement. Que l'autre ne réponde pas, ne sache pas est une vérité parfaitement admise, à laquelle elle ne cherche d'aucune fa?on à échapper. C'est sur ce point que ces rédactrices se distinguent des érotomanes : elles ne se livrent à aucune interprétation délirante du silence et de la distance de l'absent, elles ne s'imaginent pas faire secrètement l'objet d'une inclination réciproque.
23En revanche, on inscrit d'autant plus facilement dans l'éternité celui par qui arrive le tourment amoureux (<> ; <> ; <>) qu'on n'est pas dans l'attente, et qu'on n'effectue aucune tentative de donner une suite au coup de foudre. Cet amour fulgurant ne subit jamais l'épreuve des faits, avec ce que cela suppose de confrontation à la personne, de réajustement des perceptions, d'inadéquation des mondes de référence. Il ne chute jamais dans la réalité. Le coup de foudre a donc d'autant plus de chances de se transformer en pensées tenaces qu'il n'est pas réellement vécu.
24Au moment où ces récits ont été adressés à l'animatrice, les foudroyeurs avaient bien souvent disparu de la vie de celles dont ils avaient ravi l'?me. Désormais simples souvenirs, ils étaient devenus des <>.
25Alors que dans les récits du premier type (celui de l'amour resté anonyme : 20 % du corpus), le coup de foudre entra?ne la foudroyée dans une passion où elle se trouve, dès le départ et pour toujours, dépossédée de son objet, les récits du deuxième type (70 %) attestent qu'on se heurte dès le premier regard aux obstacles que semble dresser le contexte social. Les rédactrices font état de l'intense travail, le plus souvent sans effet, qu'elles ont effectué pour transformer leur conviction personnelle (<>) en une relation réciproque. On s'emploie à passer d'un état de perturbation sentimentale, violent et individuel, à une relation apaisée et partagée, susceptible de déboucher sur un lien amoureux, durable et dénué d'angoisse.
26Certes, les sentiments éprouvés au premier regard sont, dans ce cas comme dans le précédent, l'<> du moi, le <> et le <>. Mais les conditions objectives dans lesquelles se trouvent les partenaires potentiels sont prises en considération, ce qui donne un avenir radicalement différent au coup de foudre. On prête toute son attention à ce qu'il peut y avoir de permanent dans l'espace d'interconnaissance où l'événement s'est produit. Le coup de foudre a pu y surgir et s'y déployer, il ne peut se doter de perspectives qu'à condition de disposer d'un minimum d'environnement stable où les partenaires pourront s'exercer à se conna?tre et à se reconna?tre. Le contexte est suffisamment ma?trisé pour prendre des risques avec une relative confiance.
27Ici, l'objet d'amour de la foudroyée est à portée de regard et de voix. Le foudroyeur n'est plus présenté sous la figure éphémère d'une comète, mais sous celle, éternelle, du rocher. L'existence d'un temps commun et d'une proximité spatiale est posée comme essentielle pour que la rencontre se reproduise autant de fois qu' elle autorise un déchiffrement de tout ce qui constitue la nouvelle réalité. Tous les signes peuvent se transformer en signaux qu'on n'est d'ailleurs pas s?r de bien interpréter : <>
28Mais surtout cet espace commun autorise une relation en l'inscrivant dans un monde commun : des horaires, des lieux, des itinéraires, des pratiques, etc. <>
29Mais par qui au juste les rédactrices sont-elles absorbées ? Sur qui tombent-elles, de qui provient la foudre amoureuse ? Tous les récits du deuxième type désignent un proche : un voisin, l'ami d'un(e) ami(e), une relation de famille, une personne familière à son univers professionnel. Bref, le foudroyeur n'est finalement pas si étranger que cela à l'univers, réel ou imaginaire, de la foudroyée. Sur ce point les deux récits suivants sont exemplaires :
30<< Rennes, le 17 juin 1972
32Vos émissions sur le coup de foudre m'ont bien touchée et je ne sais si j'arriverai encore à temps pour vous faire part de ce qui m'est arrivé à ce sujet. Lorsque j'étais petite, peut-être 10-11 ans, je disais à maman que plus tard je ferais "soeur missionnaire" pour le Congo (ceci étant d? à l'influence très religieuse qu'elle avait sur moi). A 12 ans, je perdais maman... mais mon coeur n'avait pas cessé de battre pour le large et je collectionnais les images de bo?tes de fromage représentant le Congo, son genre de vie... Quand il y avait de petites disputes entre filles de pension, elles me disaient : "Congolaise." Mais cela ne parvenait pas à éteindre le feu que je portais en moi depuis ma plus tendre enfance. Un jour dans cette pension, le neveu de la soeur supérieure vint rendre visite à celle-ci... Il était métis et ce fut tout de suite le coup de foudre. Il était grand, svelte, beau gar?on, les yeux noirs, le regard franc... et sa peau enivrée par son long voyage en bateau me faisait perdre la tête. Le hasard fit bien les choses... Ce qui veut dire que quatre ans plus tard nous nous sommes mariés. Maintenant après dix ans de mariage, nous sommes toujours aussi amoureux et heureux. Nous avons de beaux enfants basanés. Je dois vous avouer qu'avec la force et l'amour que j'avais en moi pour ce pays et cette race je n'aurais jamais épousé un homme blanc, alors que je suis blanche – et je suis très fière de ma petite famille. >>
33<< Le 15 Juin 1972
35Quelle étrange découverte j'ai faite aujourd'hui en écoutant vos émissions sur le thème du coup de foudre. J'ai 42 ans (mariée, deux enfants). Je suis très mince, élégante, je me sens jeune. Au mois de décembre 1971, j'ai eu le coup de foudre pour un gar?on de 25 ans. Voici comment les choses se sont passées. Henri était venu chez moi envoyé par un ami pour prendre des mesures en vue de l'installation d'une cuisine. Je le regardais, lui ne faisait pas attention à moi, et dès le premier instant, j'ai eu un vrai coup de foudre, je me suis sentie mystérieusement attirée par lui. J'éprouvais quelque chose en moi que je n'arrivais pas à définir. Je n'ai eu plus qu'un désir : le revoir. Je me souviens de cet instant magique quand je suis arrivée dans le magasin où il travaillait comme menuisier, pour venir chercher mon devis. Cela a été un nouvel éblouissement, il n'y avait plus que moi et lui. Je me suis avancée vers lui en disant : "Vous ne me reconnaissez pas ?" Il me regardait venir, et il était comme pétrifié, il n'en revenait pas. Il m'a dit en bégayant : "Vous êtes... vous êtes... ravissante." Ce n'est pas le compliment flatteur qui m'a touchée, c'était de sentir son émotion, son trouble. Il continuait à me regarder sans rien dire et moi aussi j'étais profondément troublée, mon coeur battait très fort. Je lui disais hypocritement : "Qu'est-ce qu'il y a, mais qu'est-ce qu'il y a ?" Comme si je ne le savais pas ! J'avais peur, j'aurais voulu me sauver. Il é le reflet de ce qui se passait en moi. Quand je me suis retrouvée dans la rue, je flottais, je me sentais heureuse, je savourais mes sensations, je revivais à l'infini cet instant merveilleux. Nous nous sommes revus, il est devenu mon amant. La dernière fois que je l'ai vu, j'ai senti qu'il ne reviendrait pas, mais je n'ai pas voulu y croire. Il n'est plus revenu. J'ai crié, j'ai pleuré, je l'ai appelé. J'étais une écorchée vive à l'intérieur de moi. J'ai appris qu'il avait quitté la maison où il travaillait car son patron était décédé et le fonds de commerce allait être vendu. J'ai tout fait pour le retrouver et j'y suis arrivée. Il est à Grenoble, il a déménagé. Le destin nous a séparés, mais est-ce bien le destin, Ménie ? Quitter Grenoble pour aller travailler à Brest, pour retrouver la même situation, c'est-à-dire certainement sans amélioration notoire, je trouve que c'est une co?ncidence illogique. Je déteste me leurrer, me monter la tête, mais mon intuition me dit qu'il m'a fuie, qu'il a fui l'amour. Est-ce que je me trompe ? J'ai un doute empoisonné. Je lui écris, il ne me répond pas. Je continue puisqu'il ne m'en empêche pas, je considère que c'est une autorisation (Henri est marié, mais son mariage ne va pas. Il ne veut pas quitter sa femme, m'a-t-il dit, car il a trop de choses en commun avec elle. Moi aussi j'ai fait un mariage malheureux qui est en train de se casser depuis deux ans et j'aimerais repartir à zéro dans l'existence avec Henri).
36<< Je vous parlais, au début de ma lettre, d'une étrange découverte, j'y reviens : je cherchais le petit fait qui aurait pu exister et que j'aurais oublié concernant le coup de foudre. Je ne trouvais rien. Je repensais à tout ce que vous aviez dit et tout à coup je me suis souvenue. C'était au mois de mars, je disais à une amie qu'à la suite d'un rêve que j'avais fait à l'?ge de 15-16 ans, j'ai toujours su qu'il y aurait un <> dans mon existence qui occuperait une grande place. Et en effet, depuis toujours j'attends mon "Chinois". A chaque fois que je rencontre un Vietnamien, un Japonais ou un Chinois, je me dis : "Est-ce lui ?" Mais rien ne m'a jamais avertie en moi que c'était lui. Cela m'a rappelé une scène qui a eu lieu récemment. C'était au restaurant, il y avait, comme par hasard, un ami d'Henri qui travaillait dans la même maison que lui. Il parlait de lui, il disait : "Vous savez, le Chinois", et en le disant il tirait ses yeux en oblique. C'était Henri, le "Chinois" de mon rêve ! Maintenant j'en suis s?re ! C'est vrai que morphologiquement il ressemble à un homme de race jaune. Il n'est pas très grand, mince, la peau assez foncée, les cheveux noirs et des yeux mordorés très tirés vers les tempes. Comment se terminera mon histoire ? Ménie, je vous écrirai à nouveau pour vous le dire.
37Je vous envoie mon amitié. >>
38Ces deux récits montrent bien comment le coup de foudre peut être la résolution d'une énigme. Il bénéficie d'une disposition inscrite dans l'histoire personnelle bien avant le premier regard, en dépit du fait qu'il est vécu et relaté comme un phénomène précipité dans l'instant présent, un événement que rien ne permettait de prévoir. Il est probable qu'il résulte, tout au contraire, d'une lente et patiente construction de la figure de l'être attendu. Le foudroyeur est soudainement assigné à la place qu'on lui réservait de longue date (<>). A la longue incertitude de l'attente il substitue la certitude présente, celle que c'est bien lui et aucun autre. Dans ces récits du deuxième type, l'intensité amoureuse est d'autant plus grande que le coup de foudre débouche sur un amour réciproque.
39Avant même d'être frappée d'amour par le premier regard, la foudroyée est littéralement ravie par l'apparition quasi miraculeuse du sujet <>. Dès que cet autre investi d'absolu surgit, le temps s'arrête, la vie antérieure dispara?t, le futur devient é la relation para?t d'autant plus immuable que l'objet aimé n'est ni encore approprié ni encore perdu. Cette soudaine proximité dans l'ordre de l'espace et du temps permet aux rédactrices de décrire l'être aimé (<>), et l'heureux concours de circonstances de leur rencontre (<> ; <>).
40Dans ces 70 % de cas où la foudroyée cherche à entrer en relation, celle-ci peut suivre deux modes de déroulement. Dans le premier (très minoritaire), l'histoire tourne court. La foudroyée aurait t?t ou tard tenté quelque chose, mais elle s'est laissé piéger par le temps. Trop bouleversée et incertaine des sentiments de l'autre, elle l'a tout simplement laissé filer. <>
41Dans le second mode de déroulement, nettement plus fréquent, la fascination est réciproque et l'état amoureux est bient?t déclaré ; les protagonistes reviennent dans les mêmes lieux, s'informent mutuellement de leur état. Les modes de communication sont divers : dans quelques rares cas, on s'écrit ou on se téléphone, mais le plus souvent on organise des rendez-vous clandestins. Des liens tangibles tendent à s'instaurer. Les amants agissent pour se voir, se revoir. Au fil des rencontres, la relation amoureuse évolue et amène à envisager la vie différemment. <>
42Toutes les histoires n'ont pas, loin de là, un déroulement et une fin aussi heureux (3 % de mariages seulement, rappelons-le). La relation en vient nécessairement à se heurter aux multiples contraintes sociales : <> ; <>
43Le coup de foudre majoritairement relaté dans les cent lettres re?ues par Ménie Grégoire, celui que les amoureux auraient souhaité convertir en relation durable, concerne des femmes que de nombreux liens et valeurs éloignent de l'homme qu'elles aiment passionnément : leur statut de femme mariée, de mère, leur position sociale, leur culture religieuse. En voici quelques exemples :
48Dans tous ces cas de figure, les contraintes sociales priment sur l'intérêt individuel.
49Tout se passe comme si le coup de foudre se manifestait de manière insidieuse, soit trop t?t, soit trop tard, jamais au bon moment. Plut?t que des personnes libres dans leurs attaches et leurs appartenances, il frappe des personnes sur lesquelles pèsent de puissantes pressions sociales et morales. Il semble qu'il y ait peu de gagnants au jeu du coup de foudre, une fois qu'on passe du ravissement hors du monde à la réalité concrète. Quand l'un est pris, l'autre pas. Quand les deux sont pris, tout désir de refaire leur vie leur para?t devoir être payé d'un co?t trop élevé.
50Le désir de perpétuer le coup de foudre sous la forme d'un bonheur éternel, de se maintenir envers et contre tout dans l'ivresse des premiers instants qui ont donné naissance à l'amour et une nouvelle existence à la passionnée (sous l'effet d'un regard qui lui était destiné), échoue, t?t ou tard, sur le constat d'un amour impossible. La réalité finit par l'emporter sur le rêve d'un amour si fort qu'il saurait défier durablement et concrètement l'ordre social. Le coup de foudre ne semble exister, pour l'écrasante majorité des rédactrices, que parce qu'il est impossible qu'il débouche sur une relation légitime et durable, confirmant ainsi l'analyse de Rougemont selon laquelle ce que l'Europe a exalté dans la passion amoureuse, <> (1972 : 78).
Bibliographie
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Cardon D. et S. Laacher, 1995. <>, Revue sciences humaines, n° 53, pp. 18-25.
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Freud S., 1991. Métapsychologie, Paris, Folio-Essai.
Green A., 1990. La folie privée, Paris, Gallimard.
Levinas E., 1979. Le temps et l&#39;Autre, Paris, PUF.
Merleau-Ponty M., 1945. Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard.
Pesenti M., 1993. <>, Apertura, n° 8, pp. 35-45.
Rougemont D. (de), 1972. L&#39;amour et l&#39;Occident, Paris, Plon.
Pour citer cet article
Référence papier
Laacher S., 1996, <>, Terrain, n° 27, pp. 71-80.
Référence électronique
Sma?n Laacher, <>, Terrain [En ligne], 27&|&septembre 1996, mis en ligne le 18 juin 2007, consulté le 01 juillet 2016. URL&: http://terrain.revues.org/3394&; DOI&: 10.4000/terrain.3394
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